Rélisé par
Cassie Jayee
Résumé:
Pour Cassie Jayee, il faut cesser de vouloir être offensé à tout prix, et commencer à écouter sincèrement. Car seule une écoute réelle permettra d’avancer vers une égalité de genre authentique.
À la rencontre de l’ennemi : une féministe découvre le mouvement masculiniste
En 2013, Cassie Jaye, réalisatrice féministe de 27 ans, décide de tourner un documentaire sur les men’s rights activists (MRAs – militants pour les droits des hommes), qu’elle perçoit alors comme un groupe misogyne s’opposant à l’égalité des sexes. Convaincue de leur nocivité, elle entreprend un an de tournage à travers l’Amérique du Nord, interviewant 44 militants.
Mais au fil de ces entretiens, quelque chose change. Elle réalise qu’elle écoute sans entendre, cherchant uniquement des éléments pour confirmer ses a priori. Ce n’est qu’en retranscrivant les 100 heures d’interviews qu’elle commence à comprendre que ses réactions de rejet n’étaient pas toujours fondées.
Elle admet avoir réinterprété certains propos : par exemple, un homme évoquant les 2 000 refuges pour femmes victimes de violences et le seul pour hommes — qu’elle traduisait mentalement par « les femmes mentent toutes ». Pourtant, aucun militant ne voulait supprimer les refuges pour femmes, ils réclamaient seulement de la reconnaissance pour les hommes aussi victimes de violence.
Elle prend conscience de nombreuses injustices affectant les hommes : suicides (78 % des cas), paternité frauduleuse, garde d’enfants, fausses accusations de viol, mutilation génitale des garçons, sans oublier le biais judiciaire ou les décès au travail et à la guerre. Des sujets réels mais invisibles dans le débat public.
En sortant le film The Red Pill en 2016, elle fait face à une tempête médiatique : boycott, diffamation, accusations d’être antiféministe, bien que le film ne dénigre personne. Son crime : avoir humanisé ceux que l’on lui avait appris à détester. Elle réalise alors que son véritable ennemi était son propre ego et ses préjugés.
Pour Cassie Jayee, il faut cesser de vouloir être offensé à tout prix, et commencer à écouter sincèrement. Car seule une écoute réelle permettra d’avancer vers une égalité de genre authentique.