A l’heure où « me too » a mis en lumière les violences faites à certaines femmes, force est de constater que lors des divorces avec enfant(s), ce sont les hommes qui sont discriminés. C’est ce que déplorent les pères que nous avons interrogés. « Une pernicieuse idéologie pro-mère reste omniprésente dans les institutions. Elle déforme l’appréciation des situations et génère beaucoup de souffrance notamment chez les enfants qu’elle se targue de protéger ! » dénonce Vincent Meoni. Cet ingénieur de 49 ans est père d’un fils de 13 ans et d’une fille de 9. Il est séparé de leur mère depuis 8 ans et a obtenu la garde alternée.

Privé de son enfant
Son marathon juridique a « épuisé » huit juges et trois pédopsys. Il n’est pas terminé. Le Genevois a laissé 150’000 fr dans la bataille et quelques plumes. Sa séparation lui a valu, comme c’est souvent le cas, des problèmes de santé. Insomnie, troubles digestifs et cardiaque. Pourtant, il a refusé de faire le dos rond comme nombre d’avocats le conseillent pour limiter la casse face à la justice. Laquelle reste encore souvent engluée dans une vision selon laquelle Madame doit avoir la garde et Monsieur se cantonner au rôle de payeur. Ce constat nous est confirmé par Me Fontana, avocate traitant régulièrement de procédures de droit de la famille sur Genève. Au final, beaucoup de pères voient leurs enfants bien moins qu’avant et d’autres plus du tout. « Je n’ai plus eu de contact avec mon fils de 26 ans depuis vingt ans alors que la justice me donnait le droit de le voir», confie par exemple Julien Dura.
Le « supplice de la lenteur »
« Notre société est schizophrénique. D’un côté, elle encourage les papas à s’occuper de leur enfant dès l’accouchement. De l’autre, elle se recroqueville sur des stéréotypes dépassés lors des séparations », déplore Felipe Fernandez, secrétaire de « Père Pour Toujours Genève ». L’association se bat pour instaurer en Suisse une médiation en cas de séparation avec enfant(s). Les exemples québécois ou bâlois montrent que cela évite l’escalade et le « supplice de la lenteur institutionnelle».
Le Genevois Teklemariam Ghebreslassie a ainsi passé dix mois sans voir ses deux fils ! Soit le temps pour la justice d’établir que la plainte pour maltraitance de son ex-compagne à son encontre était infondée. Ces fausses accusations restent courantes. Elles attisent des conflits de loyauté destructeurs et demeurent le plus souvent impunies. Les dépressions ne sont pas rares ni les suicides chez les pères concernés. D’autant qu’un divorce enfante quasi systématiquement deux appauvrissements ! « Sous prétexte que j’ai un master, le juge m’a collé une pension ne me laissant que 200 fr par mois pour vivre », dénonce ainsi Teklemariam Ghebreslassie qui confie que la tristesse et la colère ont bien failli terrasser.
Et Felipe Fernandez de conclure tristement: «En France 21% des pères obtiennent la garde alternée, en Espagne 30% et en Belgique 40%, contre 10% chez nous ! Les papas suisses valent-ils 2 à 4 fois moins que les autres ? »
Les Genevois, médaillés d’argent du divorce !
DÉCHIFFRAGE D’après l’Office cantonal de la statistique, 15’906 couples, ayant 11’529 enfants, ont divorcé en Suisse en 2017. Pas moins de 1’091 couples ont divorcé rien que dans notre canton au cours de cette même année. Parmi eux, 529 avaient au moins un enfant. Cela fait de Genève, le second canton où l’on divorce le plus, juste derrière le Jura et devant Vaud. Jusqu’à 70% du revenu de certains avocats se font sur ces affaires de divorce et de garde !